Le Théâtre des Opérations
Contexte historique et géographique
Le 10 mai 1940, l’armée allemande lance une offensive menant à l’invasion de la France et à la signature de l’Armistice le 22 juin. Deux jours plus tard, le village de Chapelle-des-Bois voit arriver les premiers blindés et découvre l’Occupation: les tickets de rationnement, le couvre-feu et les douaniers allemands qui patrouillent jour et nuit le long de la frontière. De l’autre côté de celle-ci, la Suisse se retrouve encerclée par les forces de l’Axe.
Dans ce contexte, la situation géographique de la Vallée de Joux en fait une zone stratégique. En effet, son versant nord est entièrement recouvert par l’une des plus grandes forêts d’Europe: le Risoux. Cette imposante surface boisée est parcourue en son sommet par un mur en pierre sèche, typique des alpages jurassiens. Cet ouvrage qui fait office de frontière territoriale entre la Suisse et la France se prête mal à une surveillance rigoureuse.
Les rencontres franco-suisses dans le Risoux n’ont jamais cessé, même lorsque la guerre et l’occupant sont arrivés. Ces amitiés donnent alors naissance à un réseau d’une quinzaine de personnes qui servent différentes filières de renseignement de 1941 à 1944.
Fred Reymond
Horloger
L’armée suisse voit en ce père de famille l’agent idéal : discret, au bénéfice d’une excellente condition physique et de nombreux contacts en France voisine. Il constitue
un réseau dont les ramifications vont jusqu’à la frontière belge. Sa maison est le point de chute de ses agents et des réfugiés passés. Ils y sont accueillis et nourris par sa femme Lilette. Le livre Fred lui est consacré.
Jules Galmiche
Berger en zone interdite (douanier retraité)
Surnommé « Le Père Galmiche », cet ancien douanier a préféré prendre sa retraite que de travailler pour les Allemands. En automne 1941, il rejoint le réseau de Fred Reymond. Très actif dans la Résistance, il passe notamment un jeune hollandais, Donald Speelman, et sa maman Eva. Ce récit fait l’objet d’un livre, puis d’un film : Le Sac d’Eva.
Bernard Bouveret
Bûcheron débardeur
Premier agent engagé par Fred, âgé de 17 ans, il s’engage avec conviction, heureux de pouvoir agir contre l’occupant. Des centaines de passages se succèdent jusqu’à son arrestation en avril 44. Il se laisse emmener, devinant que son père est déjà aux mains des Allemands. Après un an de détention à Dachau, toujours ensemble, ils reviennent à Chapelle-des-Bois en mai 45. Le livre Le Rendez-vous des sages lui est dédié.
Bernard Bouveret est la mémoire de l’association. Roger Golay, du Sentier en Suisse, apporte sa grande connaissance des chemins de randonnée du Risoud.
Gilbert Courvoisier
Cultivateur
Père de famille et grand ami du père de Bernard, il offre un travail à ce dernier au début de la guerre en tant qu’aide-cantonnier. Il effectue des pas- sages depuis sa ferme en bordure de forêt, à la Combe des Cives. Il est arrêté et détenu successivement dans plusieurs prisons françaises où il connaitra la torture, avant d’être libéré.
Achille Griffond
En 1943, sans domicile fixe et fuyant le STO (Service du travail obligatoire), il rejoint son ami Bernard qui le présente à Fred et s’engage à leurs
côtés. Ses déplacements le mènent de nombreuses fois jusqu’à la frontière belge.
Arrêté et déporté en février 44, il reviendra dans son village d’enfance en mai 45 après avoir connu l’enfer des camps allemands.
Joseph Blondeau
Cultivateur
Habitants de Treffay, les membres de la famille Blondeau se déplacent en estivage dans leur ferme de la Combe des Cives. Celle-ci, en retrait de la route, offre un re- fuge idéal aux passeurs de par sa proximi- té avec l’orée de la forêt. Joseph dit « Zizi » effectue des passages de marchandises et abrite de nombreuses fois Fred.
Paul Blondeau
Cultivateur
« Popaul », fils de Joseph, tient la maison de la Combe des Cives avec sa jeune sœur, Nénette. C’est un ami proche de Bernard qui s’engage à ses côtés sans hésiter. Blessé à la jambe à deux reprises, il choisit de ne pas se réfugier en Suisse bien que les Allemands
le recherchent. Il décède d’une septicémie à 18 ans, suite à un accident de ski.
Victoria Cordier
Comptable chez un marchand de vin
Ses activités intenses de Résistante la mènent de Champagnole à Lausanne, en passant par Lyon, Paris et sa maison natale au pied du Risoud. Avec le soutien sans faille de sa mère et de ses sœurs, elle emprunte inlassablement le passage escarpé du Gy de l’Echelle pour gagner la Suisse, sauvant de nombreuses vies. Elle se confie dans le livre Ce que je n’oublierai jamais.
Paul Bôdu-Bouveret
Cultivateur - Bûcheron
« Bôdu », ami d’enfance et voisin de Bernard, a traversé la frontière de nombreuses fois. En octobre 43, il est arrêté par la douane suisse et emprisonné quelques jours à l’Hôtel de Ville du Sentier. Une fois libéré, il multiplie les passages avant de se retirer plusieurs mois en Suisse en avril 44, lorsque la situation devient trop dangereuse.
Madeleine Cordier
Secrétaire chez un notaire
Plus discrète, la sœur aînée de Victoria la seconde dans toutes ses activités de Résistance, passant plusieurs fois la frontière sans sa cadette. Son travail auprès d’un notaire à Champagnole lui permet d’établir des faux passeports pour faciliter leurs actions et notamment faire traverser la France aux protégés d’Anne-Marie Piguet.
Georgette Meylan
Pierriste
Jeune fille pleine d’énergie et grande sportive, elle participe à de nombreux passages de courrier et de fugitifs, en tant qu’auxiliaire des Renseignements suisses et grande amie de Victoria Cordier. Emprisonnée en France durant plusieurs jours, elle est finalement reconduite à la frontière. La guerre lui enlève son fiancé, André Bochy, franco- suisse installé à Champagnole et mort en déportation.
Anne-Marie Im Hof-Piguet
Volontaire à la Croix Rouge Suisse
Jeune diplômée, elle décide de s’engager auprès de la Croix-Rouge Suisse Secours aux Enfants. Elle est envoyée près de Toulouse au Château de la Hille, colonie où sont recueillis des enfants Juifs. Grâce à son courage, 14 d’entre eux échappent à la déportation en traversant la France, puis le Risoud. Elle relate ses années de guerre dans le livre
La Filière.
Jean-François Meylan
Étudiant
Frère aîné de Georgette, « cambe-frontière » par goût de l’aventure, il est à l’origine de la rencontre entre les sœurs Cordier et les passeurs suisses. Aux études à Lausanne pendant la guerre, il apporte son aide à ses amis français chaque fois que ses congés le lui permettent. Il raconte ses aventures dans les Récits du dernier témoin.